La guerre en Irak s’est transformée en quelques années en un conflit intercommunautaire religieux entre Chiites et Sunnites qui a déplacé jusqu'à aujourd’hui plus de 4 millions d’irakiens à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de l’Irak se situerait autour de 1,9 million. Les déplacés se regroupent dans les zones où se concentrent leurs appartenances religieuses. Le nord et l’est du pays à tendance Sunnite, région Anbar (principales villes de Ramadi, Falloujah) et le sud et l’ouest à tendance Chiite (principales villes de Basrah, Amarah, Nassriyah, Samawah, Diwaniya, Kerbala, Najaf).
Mais, face aux attentats quotidiens, menaces, enlèvements, assassinats et brutalités, une autre partie de la population irakienne a choisi la fuite. Plus de 2 millions de personnes ont quitté l’Irak pour des raisons d’insécurité et trouvé refuge dans les pays voisins.
La Syrie et la Jordanie sont les principaux pays d’accueil de cette population. Entre 40.000 et 50.000 personnes fuient le pays chaque mois. Cet afflux incessant de réfugiés ne permet pas aujourd’hui un chiffrage précis de leur nombre dans les différents pays d’accueil.
La Jordanie accueille plus facilement les familles qui ont des revenus suffisants pour subvenir à leurs besoins, mais les dépenses quotidiennes subissant l’inflation créée par cette arrivée massive de réfugiés les place à court terme dans une situation précaire. Environ 700.000 personnes seraient accueillies en Jordanie. Il est devenu aujourd’hui très difficile de rentrer en Jordanie pour la population fuyant l’Irak.
La Syrie accueillerait aujourd’hui plus de 1,5 million de réfugiés irakiens. On peut considérer qu’il en existe 3 catégories distinctes : Les familles irakiennes d’origine Palestinienne, les familles irakiennes qui ont fuit en 2003 la guerre « Liberté pour l’Irak » et les familles irakiennes qui ont quitté leur pays après l’attentat de Samarra en 2006.

La Syrie, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés, a laissé ses portes ouvertes à toutes les catégories sociales de la population irakienne. Les revenus de ces familles sont plus faibles et la précarité grandissante. Plus d’un million et demi de personnes réfugiées vivent aujourd’hui dans et autour de Damas. Aujourd’hui, 20% de la population de Damas et de ses faubourgs est composée de réfugiés irakiens, soit 1 personne sur 5.
Première Urgence intervient au Moyen-Orient depuis plus de dix ans : au Liban depuis 1996, en Irak depuis 1997, en Jordanie depuis 1998 et dans les Territoires Palestiniens depuis 2003. Cette situation particulière donne à Première Urgence un rôle privilégié pour intervenir en Syrie dont les conditions géographiques, climatiques et culturelles sont très similaires à celles rencontrées par Première Urgence sur ses différentes missions dans la région.
Première Urgence a donc décidé de mener une mission d'évaluation des besoins humanitaires en Syrie à partir du mois de mars 2007 afin de pouvoir dresser un état des lieux de la situation des irakiens réfugiés en Syrie et d’étudier la possibilité de lancer un programme d’aide en leur faveur. Aujourd’hui, après plus de 6 mois de présence permanente d’une de nos équipes à Damas, l’évaluation des besoins et les négociations d’accords auprès des autorités syriennes se sont concrétisées. Première Urgence s’apprête à ouvrir, dans les prochaines semaines, une antenne dans le pays de manière à mettre en œuvre un premier programme d’aide dans les environs de la capitale.
Les premières actions envisagées viseront à répondre aux principaux problèmes identifiés :
- Une très faible présence humanitaire, affaiblissant les capacités des agences des Nations Unies non opérationnelles et qui ont besoin de relais de terrain ;
- La perspective d’une crise alimentaire appelle dans un premier temps à un soutien ciblé auprès des personnes les plus vulnérables par des distributions alimentaires d’urgence. La forme reste à définir, mais l’économie réalisée par ce type de support sur des produits de base permettra d’augmenter les revenus des familles concernées qui pourront répondre à d’autres de leurs priorités : logement, éducation… ;
- Les distributions de biens non alimentaires sont nécessaires et relèvent du même constat. Une évaluation précise tant au niveau des besoins que des familles bénéficiaires sera à mettre en place au préalable de ces activités ;
- L’actuel faible taux de scolarisation des enfants est un phénomène qu’il faut également prendre en compte (50.000 enfants en âge d’être scolarisés sont hors du système scolaire). La scolarisation constitue en outre (et au-delà même de la question centrale de l’éducation à proprement parler) un moyen de repérer les enfants les plus vulnérables, en l’absence de structure sociale adaptée et dans une situation ou le risque de malnutrition va croissant. Augmenter le nombre de place dans les écoles par des constructions préfabriquées temporaires pourrait, dès la rentrée des classes (septembre - octobre 2007) répondre à un besoin pertinent pour l’ensemble des populations hôtes et réfugiées vivant dans ces zones urbaines mixtes. Du mobilier et du matériel pédagogique pourraient être distribués.